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La vie et la mort de Samuel Paty devraient nous être utiles


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    En réfléchissant aux mots que je devais prononcer ce soir, ceux de Samuel Paty se sont mis à tambouriner dans ma tête : « Je voudrais que ma vie et que ma mort serve à quelque chose. »

    Au lendemain de son assassinat, j’ai cru que ses circonstances allaient nous désiler sur notre ennemi, sur son fonctionnement, sur ses intentions.

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    Décapiter celui qui est chargé d’enseigner notre histoire aux nouvelles générations, tout le monde aurait dû saisir que les coupeurs de têtes et les coupeurs de langue avançaient ensemble.

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    Les évènements qui ont conduit à cet acte atroce auraient dû nous faire comprendre que les islamistes avaient partie liée avec les djihadistes.

    J’ai cru que le destin tragique de Samuel Paty allait également nous ouvrir les yeux sur notre lâcheté, sur nos renoncements.

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    J’ai cru que nous avions tous compris que la force de notre ennemi résidait d’abord dans notre faiblesse.

    J’ai pensé que la confusion entre l’universalisme républicain, spécificité et fierté française et ce mélange de communautarisme mondialo-saxon et de relativisme rance allait nous apparaître pour ce qu’il est : une capitulation en rase campagne.

    Que nous allions enfin comprendre que le gauchisme culturel dont parle Jean-Pierre Le Goff, sympathique en 1980, était devenu odieux, tant il est vrai qu’il était noble d’être pacifiste en 1919 et lâche de le rester en 1939.

    Et puis j’ai entendu Emmanuel Macron rendre hommage à Samuel Paty dans la cour des Invalides.

    Un très beau discours dans lequel le chef de l’État a cru utile de préciser que Samuel Paty aimait la culture arabo-musulmane. Non seulement une telle précision était inutile mais c’était presque une faute de goût. Et si Samuel n’avait eu aucune dilection pour l’Islam, son meurtre eut été plus compréhensible ? Comme si les tueurs de mécréants étaient désarmés par notre soif de les comprendre, par nos scrupules à leurs égards. Alors que ce sont précisément nos scrupules et notre tolérance qui excitent leur haine.

    Décidément, ceux qui nous dirigent n’avaient rien compris, ni rien n’apprit de la mort de Samuel Paty.

    Trois ans plus tard, je regarde cette photo de Dominique Bernard et je constate qu’il ressemble étrangement à Samuel Paty. On peut lire sur son visage la même abnégation, la même humilité, la même envie de bien faire son travail et le même air un peu triste. Je regarde cette photo et je constate que Samuel Paty a été assassiné une seconde fois.

    Un autre professeur a été exécuté au nom d’Allah mais ceux qui nous dirigeant continuent de débiter les mêmes paroles creuses.

    « Ils ne passeront pas » sauf qu’ils sont déjà passés et repassés.

    « Nous ne céderons rien » sauf que nous avons déjà tout cédé et rien repris.

    « Nous sommes unis » sauf que de Mélenchon à Benzema, la France est fracturée.

    « Nous sommes debout » sauf que, contrairement aux promesses qui ont été faites, le Collège du Bois d’Aulne n’a pas été rebaptisé Samuel Paty.

    La parole gouvernementale est devenue aussi légère qu’une plume et nettement moins persuasive qu’une lame de couteau.

    Le déni de réalité est aussi un déni de responsabilité. Mickaëlle Paty et les proches de Samuel attendent toujours des excuses du Rectorat ou du Gouvernement.

    La famille de Dominique Bernard ne doit rien attendre du directeur de cabinet d’Emmanuel Macron ou du Premier ministre Valls que leur défausse. « Pas de faille, tout le monde a bien fait son travail ».

    S’il existe encore des historiens français à l’avenir, ils s’interrogeront sur ce déni des dénis, sur ce refus obstiné, borné, méchant d’établir le moindre lien entre une immigration massive à majorité musulmane et l’importation du fanatisme islamique sur le sol de France.

    Au lendemain du Bataclan, François Hollande assurait : « Nous sommes en guerre. »

    On continue d’utiliser le mot guerre mais on n’en a pas la psychologie.

    Si nous étions en guerre, jamais nous ne serions surpris de devoir déplorer de nouvelles victimes et n’en serions pas à essayer de faire croire qu’après Samuel, Dominique serait la der des ders ?

    On entend encore : « Vous n’aurez pas ma haine. » On continue de se blâmer pour avoir échoué l’intégration alors que nous avons justement à faire à des gens qui rejettent toute intégration. Non, décidément, nous ne sommes pas en guerre.

    Une guerre, c’est ce que l’on peut perdre.

    Ceux qui nous dirigent sont tellement dans le déni qu’ils ne comprennent même pas la portée des phrases qu’ils prononcent. Gabriel Attal affirme que l’autocensure est un poison mortel dans l’école, tout en reconnaissant qu’un enseignant sur deux s’est déjà autocensuré. Que devrait-il en déduire sinon notre école est en train de mourir empoisonnée ?

    Pour l’instant, faute de comprendre la guerre que l’on nous livre, on la perd.

    Nous redoutons les djihadistes, nous nous berçons d’illusions sur la possibilité de les mettre définitivement hors d’état de nuire et d’empêcher tous les futurs attentats mais nous ne comprenons pas que ce n’est pas des attentats que nous devrions avoir peur mais de leurs effets. Ce qui est redoutable, ce ne sont pas les couteaux ou les camionnettes. Ce qui est redoutable, ce ne sont pas les tueurs au nom d’Allah, c’est la diffusion rapide de l’idéologie qui arme leur bras. L’emprise des islamistes sur une partie de la jeunesse est croissante. Cette emprise paraît à première vue incompréhensible. Décapiter un innocent au nom d’un idéal devrait logiquement discréditer cet idéal. Pourtant, ce n’est pas ce que nous constatons. Plus le sang coule, plus la peur se diffuse et plus l’islamisme se propage.

    Et il faut nous arrêter un instant sur cette mécanique aussi perverse que bien huilée. L’islamisme progresse en s’appuyant à la fois sur un mécanisme conscient qui prétend que cette religion serait la première victime des atrocités commises en son nom (c’est toute la force de la rhétorique autour de l’islamophobie) mais aussi sur un réflexe plus inconscient. L’islamisme se répand en s’appuyant sur une défense naturelle de l’être humain face à la peur. Embrasser la thèse officielle du pas d’amalgame et du « ça n’a rien à voir » permet aux individus de se rassurer à bon compte, de minimiser l’ampleur de la menace tout en endossant un rôle valorisant. C’est tellement plus confortable de se sentir appartenir au camp du bien qu’à celui des lâches.

    Voilà pourquoi de petits renoncements en grandes reculades, de lâches soulagements en accommodements de moins en moins raisonnables, nous ne laissons pas se propager le mal, nous le faisons flamber.

    Nos ennemis peuvent d’autant plus gagner que. nous pourrions commettre deux erreurs inverses, parallèles mais également fatales. La première erreur consisterait à nous renier. Certains, sans le dire, pensent que la guerre civile est inévitable et voudraient que nous prenions l’initiative. Même si nous savons que les islamistes sont complices des djihadistes, ce serait tomber dans un piège fatal que d’user de violence contre ceux qui n’en usent pas. Les islamistes veulent la guerre civile.  Pas pour la gagner mais pour que nous « montrions notre vrai visage » et bien sûr, pour faire basculer tous les musulmans dans leur camp. Car si nous sommes confrontés à la même idéologie et aux mêmes méthodes barbares que les Israéliens, deux énormes différences devraient nous sauter au visage : ici, pour l’instant, la violence à laquelle nous devons faire face n’a pas la même intensité que celle déchaînée par le Hamas et y apporter une réponse militaire serait totalement disproportionné. Surtout, contrairement à ce qui passe en Israël, la menace ici n’a pas d’adresse, pas de nom, pas d’organigramme. La menace est totalement diffuse. Frapper qui ?

    La deuxième erreur reviendrait à maintenir intact le cadre de l'État de droit, c’est un autre piège. Expulser les fichés S ne suffira pas à neutraliser la diffusion de leur idéologie mortifère. En pensant que le statu quo va se prolonger, en refusant de voir que l’islamisme se répand en même temps que l’immigration et que les attentats, nous finirons par nous soumettre. Pas demain matin comme l’imagine Michel Houellebecq. Mais, au contraire, progressivement et en douceur et sans même nous en rendre compte. Nous n’allons pas rendre les armes mais rendre les âmes.

    Il faut sortir de l'État de droit subtilement, habilement pour contrer nos ennemis et pour tenir compte de la gravité de la menace.

    Bien sûr, il faut restreindre le droit d’asile sauf si nous craignons davantage la CEDH que les tueurs de profs ? Bien sûr, il faut suspendre le regroupement familial sauf à continuer à vouloir préparer une bonne vieille guerre civile. Bien sûr, il faut sortir du cadre de l'État de droit pas seulement contre le djihadisme mais contre l’islamisme. Bien sûr, qu’il faut en revenir à nos origines républicaines, aux sources de ces fameuses valeurs. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » disait Saint-Just. Pas de liberté de réunion, de culte, d’expression pour les islamistes mais ne touchons pas aux droits des musulmans. L’islamisme et pas seulement les frères musulmans doit être interdit. Comme le nazisme a été interdit. Au-delà, il faudra soumettre cette religion qui prône la soumission et ne croit qu’à la loi du plus fort (Islam veut dire soumission). Dans chaque synagogue, on prie pour le drapeau français. Il devrait en être de même dans chaque mosquée de France. Les imams devront prêter allégeance à la République française. La laïcité n’est pas adaptée à l’Islam, religion militaire et politique. Le royaume de Mahomet est de ce monde. Il faut justement faire des vagues. L’islam est sensible au rapport de force. Il va s’adapter. Empêcher l’islamisme d’utiliser nos libertés pour se répandre est important mais ne suffira pas.

    Nous ne pourrons défaire l’islamisme sans comprendre qu’il nous lance d’abord un défi de nature spirituel et moral et sans apporter de réponses qui soit à la hauteur de ces défis.

    On ne peut défaire un ennemi sans l’imiter un minimum. Les démocraties n’ont pas terrassé le nazisme sans retourner contre lui sa férocité avec les bombardements de Dresde et de Hambourg. Nous n’avons pu enrayer la subversion communiste qu’en laissant l’État intervenir dans l’économie pour y corriger les inégalités.

    Il est essentiel de comprendre comment et pourquoi l’islamisme se répand. On ne tue que ce que l’on remplace. Revenons à ce qui semble le plus grave et le plus dangereux à terme, c’est-à-dire, à l’emprise croissante des islamistes sur une partie de la jeunesse. Les islamistes prennent le total contre-pied des préjugés éducatifs de la postmodernité occidentale et cela marche. Les islamistes refusent de mettre l’élève au centre de la classe et prônent l’enseignement par des maîtres qui détiennent et transmettent le savoir à un élève qui apprend. Dans un monde numérique saturé de sons et d’images où nous pensons que les adolescents et même les adultes ne peuvent plus se concentrer plus de dix minutes, les intégristes immergent leurs adeptes dans les livres. Ils transmettent des textes qu’ils prennent au pied de la lettre dans un monde qui ne prend plus rien au sérieux. Tout en se rebellant contre leurs parents, les adolescents recherchent des modèles et des groupes. Nos fameuses valeurs de la République sont parfaitement incapables de répondre aux besoins d’appartenance grégaire et de contre-modèle adulte. Le discours mièvre et relativiste de l’Éducation nationale laisse la jeunesse sans appartenance collective valorisante, sans motif de fierté, sans valeurs qui méritent que l’on se batte pour les défendre.

    Le défi qui nous est lancé est spirituel et moral. Plus nos dirigeants parlent de valeurs et plus ils semblent qu’ils soulignent involontairement que leurs valeurs n’ont plus de contenu précis. Plus ils parlent de valeurs sans préciser lesquelles et plus ils ressemblent au petit prince qui demandait au pilote de lui dessiner un mouton. Une étoile mais quelle étoile ? À bien sûr, il nous reste la fameuse laïcité mais justement, elle est une sorte de creux, de réceptacle vide dans lequel chaque citoyen est libre de déposer ses croyances.

    Il nous faut profondément réfléchir au défi qui nous est lancé par les égorgeurs mais aussi par tous ceux qui partagent leur système de valeurs justement opposé au nôtre. Qu’avons-nous à leur opposer ? L’esprit critique, ils n’en veulent pas. Le savoir, la transmission des connaissances. Quelle naïveté ! Le père du programme Apollo, Wernher von Braun, était un nazi fanatique comme de nombreux intellectuels et scientifiques brillants.

    Plutôt que de former des équipes valeurs de la République, il nous faudrait collectivement retrouver le sens caché, le sens profond, le sens sacré de ces valeurs.

    La République n’est pas une zone aéroportuaire, un marché libre des idéologies, un espace neutre pour les communautarismes. La République n’est pas neutre. Nos valeurs ne sont pas neutres. Pour l’instant, notre République n’ose même plus s’avouer française.

    Nos valeurs sont comparables à une grammaire sans littérature, à un solfège sans musique, à des couleurs sans peinture. Il est temps de sortir de cette torpeur et de cette mièvrerie. Il est temps de renouer avec une histoire qui soit aussi un destin et une promesse. Il est temps de réécrire nos manuels scolaires. Il est temps de renouer avec notre tradition. Il est temps de retrouver et de renouer avec nos valeurs.

    Pour l’instant, nos fameuses valeurs sont synonymes du culte du bon plaisir individuel érigé en horizon indépassable. C’est pour cela que ceux qui nous dirigent sont tant attachés à la paralysie de l’État au nom d’une vision extrémiste des droits de l’homme. C’est le règne du bon plaisir de l’individu Uber alles. « Pour nous, il n’y a rien au-dessus de la vie », confessa, un jour, Emmanuel Macron. Rien au-dessus de la vie donc rien au-dessus de l’individu. Mais alors pourquoi Jean Moulin est mort ?

    J’en reviens à cette phrase obsédante de Samuel Paty. Je voudrais que ma vie et que ma mort serve à quelque chose. La vie et la mort de Samuel Paty devraient nous servir à redécouvrir qui nous sommes vraiment.

    À nous faire prendre conscience qu’aucune société humaine ne peut vivre sans sacré. Le sacré est ce dont on hérite et ce que l’on transmet nous a expliqué Régis Debray. Le sacré, c’est justement ce que l’individu ne choisit pas. Le sacré est ce qui ne peut être touché sans en payer le prix. Le sacré est ce qui justifie le sacrifice suprême. Le sacré est-ce que pour quoi les hommes acceptent de mourir et de tuer. Le sacré est ce qui vaut plus que nos propres vies. La question que nous jettent au visage les islamistes est terrible : qu’avez-vous encore en commun et qu’avec vous encore de sacré ? Car le sacré est aussi ce qui relie. Avez-vous encore en commun des croyances qui justifient que vous puissiez vous battre jusqu’à la mort pour les défendre ?

    Notre sacré n’est pas religieux. La religion pour nous est ce qui doit rester dans nos foyers et dans nos temples. Notre terre est sacrée. Notre patrie est sacrée. Notre peuple et son unité sont sacrés. Nos paysages sont sacrés. Notre démocratie est sacrée. Notre raison et notre esprit critique sont sacrés. Notre façon de concevoir les rapports entre les sexes est sacrée. Notre devise est sacrée. Notre drapeau est sacré. Nos morts sont sacrés. Samuel Paty est sacré.

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    Author: Amy Wade

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